Nous vous donnons rendez-vous samedi 22 février 2020, à COURTENAY (38510) salle St Rô – 14h30, pour une conférence, gratuite et ouverte à tout public, animée par Monsieur Fabrice Conan.
Fabrice Conan est historien, spécialisé en histoire de l’art. Intervenant pour le développement culturel du château de Versailles pour lequel il crée des visites thématiques. Il donne des conférences à travers la France pour les Amis des musées.
Grand connaisseur de la cité des Doges, il travaille une partie de l’année à Venise, sa deuxième terre d’élection et ce depuis plus de dix ans.
Il a publié en 2016 aux éditions Prisma, Les plaisirs enchantés de Louis XIV, et autres fêtes inoubliables de l’Histoire.
Il se propose de nous plonger dans l’histoire de la cité de Venise jusqu’aux dernières splendeurs et réjouissances de la Sérénissime, les grandes heures d’une ville enchanteresse.
Quelques mots d’approche :
1. Venise est une citée née de l’onde, fille de Vénus et du commerce.
Ce qui est propre et particulier à Venise, ce qui fait d’elle une ville unique, c’est que seule en Europe, après la chute de l’Empire romain, elle est restée une cité libre, et qu’elle a continué sans interruption le régime, l’esprit, les mœurs des républiques antiques et prolongeant ainsi jusqu’à la Révolution française.
2. L’histoire de Venise est aussi étonnante que Venise elle-même.
Placée au fond du golfe le plus profond de la Méditerranée, en bordure de deux grands fleuves italiens, le Pô et l’Adige qui conduit au col du Brenner, passage le plus bas des Alpes. La cité bénéficie d’une situation privilégiée sur les routes d’échanges avec le Saint-Empire romain germanique, l’empire byzantin et les empires musulmans.
Venise est née au 6ème siècle, de la rencontre improbable entre une population fuyant les barbares et un site hostile à toute installation humaine, quelques ilots émergés vont accueillir à la fin de l’Antiquité une population fuyant les invasions.
Les premiers habitants vivaient de la pêche et de l’exploitation des salines mais ceci restait un habitat dispersé et ne formait pas de centre urbanisé. Cette région faisait partie de l’empire romain.
L’histoire de Venise repose bien sur ce paradoxe : quelques îlots du Nord-Ouest de l’Adriatique, cernés par la vase, ont permis l’érection de la capitale d’un empire maritime et commercial, qui fut le plus grand port du Moyen Âge après Constantinople, dont elle dépendit à ses débuts. Tout commence bien dès le 6e siècle quand des pêcheurs et des marchands se regroupèrent sur des îles marécageuses pour se protéger des invasions barbares.
En 828, le corps de Saint Marc est volé à Alexandrie par des marchands et ramené à Venise. La relique sera conservée dans la Basilique du même nom. Saint Marc devient le Saint patron de la ville. Le lion ailé devient le symbole de Venise qui devient indépendante vers l’an Mil.
Des techniques particulières sont élaborées, San Marco se pare d’or et de couleurs grâce aux artistes venus de Byzance, ainsi se crée un art entre Orient et Occident.
Par ailleurs, une société au développement original, sous la forme d’une République, offrit pendant 900 ans, stabilité et richesses, à une cité à nulle autre pareille.
Sa stabilité politique est le fruit d’institutions parfaitement établies autour d’une république oligarchique. Cette organisation concentre les pouvoirs entre les mains de 42 familles nobles qui élisent leur représentant, le Doge qui règne à vie. Contrairement aux monarchies, ce titre n’est pas héréditaire.
Le premier Doge (déformation de Dux ou Duc, fonctionnaire byzantin ayant un rôle administratif et militaire) est nommé en 697. Aux premiers temps, les Doges sont nommés par Byzance puis directement élus par les Vénitiens.
Venise devient une ville-état qui assoit son pouvoir sur les richesses maritimes, une Repubblica marinara.
En 1492, la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb annonce aussi une modification des flux commerciaux et la perte d’influence de Venise, à venir. Cette seconde moitié du 15e siècle, est l’époque de l’apogée de la puissance de Venise.
3. La Sérénissime à son chant du cygne
Au 18e siècle, le déclin de la ville est maintenant bien visible, elle restera le plus souvent neutre dans les conflits opposant ses grands voisins. La majeure partie du siècle se passe calmement pour Venise qui connaît néanmoins la prospérité.
Ainsi, au bout de cette longue histoire, les dernières heures de Venise sont flamboyantes : églises et palais se construisent, s’embellissent – les nombreux palais qui ornent le Grand Canal ou le Théâtre de la Fenice en sont de beaux exemples – à une époque où le rôle politique de la Sérénissime a quasiment disparu, et où les affaires et le commerce deviennent très concurrentiels.
C’est la période faste du Carnaval, des artistes tels Canaletto, Vivaldi, Goldoni, Monteverdi et Tiepolo. La ville devient un point de passage obligé des aristocrates.
Le Ridotto de Venise
En 1638, le Ridotto ouvre ses portes dans le Palazzo Dandolo, à San Moisè, non loin de la place Saint-Marc.
Il accueille de nombreuses tables de jeu. C’est un lieu où rois, prostituées, ambassadeurs, aventuriers, aristocrates et usuriers jouent côte à côte, dans un brassage et une promiscuité typique du carnaval vénitien.
Toute l’Europe accourt dans une ville perpétuellement en fêtes, du carnaval aux messes de Monteverdi et opéras de Vivaldi, c’est l’insouciance qui triomphe.
Mais peu à peu, la santé économique de celle qui fut la Dominante s’essouffle, et la Sérénissime, tout en continuant à séduire, décline lentement. En 1797, Napoléon Bonaparte met fin à l’indépendance de la République.
C’est alors que naît le mythe de Venise, une Venise mystérieuse et éblouissante jusqu’à son dernier souffle.