Samedi 26 mars 2022, en matinée, l’association ‘‘Les amis de l’église Notre-Dame de Compassion de Corbelin’’ – qui œuvre à sa sauvegarde et à sa préservation depuis 1987– nous guidera dans l’histoire et la visite de l’église Notre-Dame de Compassion & de l’ancien prieuré de Corbelin (38630).
Quelques mots de l’histoire de l’église Notre-Dame de Compassion et du prieuré de Corbelin
L’église Notre-Dame de Compassion et l’ancien prieuré de Corbelin sont situés dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le département de l’Isère et plus précisément dans la partie septentrionale de ce département, plus connu sous l’appellation de Nord-Isère ou de Bas-Dauphiné.
Autrefois rattachée à l’ancienne province royale du Dauphiné, la commune fut d’abord adhérente à la communauté de communes du Pays des Couleurs, avant de rejoindre, à la suite de la fusion de plusieurs intercommunalités, la communauté de communes Les Balcons du Dauphiné en 2017.
Sous l’Ancien régime, Corbelin faisait partie du mandement de Faverges attaché au château de Faverges.
Mais le pouvoir religieux dont on sait l’importance à cette époque, s’exerçait à partir du prieuré de Corbelin sur un secteur géographique un peu différent.
De 1129 jusqu’au Concordat de 1801, la paroisse de Corbelin appartenait au Diocèse de Belley ; l’existence de la paroisse est mentionnée en 960.
Du prieuré au couvent de religieuses
Le prieuré a été fondé en 1129 par des chanoines de l’ordre de Saint-Ruf, à la demande de l’évêque de Belley (lui-même de cet ordre, fondé en Avignon en 1039) ; les chanoines assuraient eux-mêmes la charge paroissiale et il y avait, auprès du prieur, un sacristain qui remplissait la fonction de curé.
Le premier prieur de Corbelin se nommait Corbel. Certains veulent y voir l’origine du nom du village… Détruit, incendié à plusieurs reprises, le prieuré fut reconstruit et modifié au cours des siècles, avec toute la résolution que peut donner la foi.
Dans les années 1600, la paroisse est dotée d’un curé indépendant du prieuré ; ces curés ont leur presbytère à côté de l’église.
La fin du prieuré intervient à la Révolution après la dissolution de l’Ordre de Saint-Ruf ; le bâtiment et les terres qui en dépendaient ont été vendus comme biens-nationaux à un Corbelinois.
La moitié Est du bâtiment vendu comme bien-national fut racheté entre 1835 et 1837 par les religieuses de l’Ordre de la Providence de Corenc (près de Grenoble) pour y fonder un couvent.
Les religieuses dont le nombre s’est rapidement étoffé (jusqu’à 30 vers 1850) ont une activité dense, liée à la vie du village et elles acquièrent la partie Ouest du bâtiment en 1842 – à l’exception de l’ancienne chapelle -.
Elles assurent :
- L’encadrement de la surveillance des pensionnats de jeunes filles que les usines de tissage mettent à la disposition de la main d’œuvre régionale ( Corbelin est ‘‘cité de la soie’’ pendant un siècle et demi).
- Tour à tour, infirmières et surtout institutrices ; elles ouvrent vers 1840 dans les locaux du couvent une école privée de filles qui deviendra en 1875 la première école publique de Corbelin.
- Puis, elles installent en 1897-1898 une école de filles qui accueillera 86 élèves et redeviendra privée en 1905 (loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat).
La communauté de sœurs de Corbelin est supprimée en 1958 et la Municipalité leur rachète : en 1962, le presbytère, puis en 1972 le reste de l’ancien prieuré-couvent afin d’y établir des logements sociaux (à l’exception d’une salle paroissiale et de l’ancienne chapelle) et afin d’y accueillir en 1989, le musée François Guiguet (dans ce qui fut la chapelle des religieuses) ; ce musée a fermé ses portes en 2011.
L’église Notre-Dame de Compassion
Eglise et prieuré ne forment qu’un ensemble architectural.
De l’église du 12e siècle on ne sait que peu de choses si ce n’est qu’elle existait avant le Prieuré et aurait été édifiée avec l’aide des Chartreux.
La chapelle de la famille de Virieu (abritant son tombeau) a été aménagée avant le début des années 1400 (soit à l’époque de cette église du 12e siècle).
En 1640, une petite église est érigée (315 m²) sur l’emplacement d’un édifice plus ancien, vraisemblablement ruiné par les Guerres de religion.
Cette nouvelle église est consacrée le 26 juillet 1640 sous le vocable de Notre-Dame de Compassion, ce qui est fréquent au 17e siècle, période de grandes calamités comme la peste poussant les fidèles à rechercher la protection de la Vierge Marie.
Orientée au levant, l’église touche au midi les bâtiments et les dépendances du prieuré, et de tous les autres côtés, elle est entourée par le cimetière qui la séparait au nord du presbytère.
Cette église a été agrandie fin du 19e siècle pour lui donner sa forme actuelle – trois églises ont donc été établies sur le même emplacement -.
Etablie près de l’ancien prieuré, l’église de Corbelin domine le village de son imposante façade avec tourelles. Elle illustre (avec son mobilier, son décor peint et ses verrières) le style éclectique de la fin 19e siècle.
Le projet d’agrandissement a été établi par l’architecte Berruyer, auteur de nombreuses réalisations dans le diocèse (dont l’église de Morestel).
Le projet prévoit l’édification d’une église d’inspiration gothique, par modification et extension de l’église romane existante. L’architecte Berruyer ajoutera les deux tourelles en briques pour abriter les escaliers de desserte des combles et de la tribune.
La structure offre trois nefs avec leurs arcades atteignant 10,6 m pour la grande nef et 6,30 m pour les deux nefs latérales.
L’intérieur de l’église sera réalisé sur trois années et le clocher de 1843 conservé sera équipé de deux belles cloches dont l’une offerte par la Municipalité de Corbelin.
Vers 1895-1896, un remarquable ensemble de 14 vitraux du maître verrier grenoblois André Bernard est réalisé pour l’église, complété par une magnifique rosace de 3 m de diamètre, dominant le porche.
L’église loge aussi : les boiseries du chœur, un grand maitre-autel, une belle Vierge dorée, une Piéta polychrome en bois de petite dimension et une imposante Piéta en place au fond de l’église, deux huiles d’inspiration religieuse du peintre corbelinois, François Guiguet (dépôts de l’association François Guiguet), etc.
D’importants travaux de restauration eurent lieu entre 1987 et 1991, puis en ce début de 21e siècle (toiture, remplacement d’escaliers, commande automatique des cloches et…l’illumination de l’église).
La grande Piéta
Le maître-autel et les boiseries du chœur
Décor de l’église et vitrail :
Rencontre de Jésus avec la Samaritaine
Le retour de Tobie
Huile sur toile de François Guiguet – 1885
Présentation proposé par Solange Bouvier
Sources textes et photos :
- Livre de l’association corbelinoise ‘‘L’église et l’ancien Prieuré Notre-Dame de Corbelin’’
- Internet – photos source privée