LE SAVIEZ VOUS ?
L’HYMNE BRITANNIQUE, ‘‘GOD SAVE THE KING’’
SERAIT D’ORIGINE FRANÇAISE !
L’hymne qui fait aujourd’hui la fierté du peuple britannique, et sans doute l’un des plus anciens hymnes au monde, aurait des origines bien françaises. Ce cantique au roi (ou à la reine) d’Angleterre cacherait une vérité bien cocasse.
Peu de Britanniques savent que l’hymne qui représente leur pays tire son origine… de l’autre côté de la Manche. Et cette origine est pour le moins surprenante !
L’histoire (vraie) commence en janvier 1686, époque où le roi Louis XIV tombe subitement malade.
Selon la légende – ou bien, est-ce plutôt son goût prononcé pour l’équitation ou pour l’usage de lavements – il semble qu’il se soit piqué en s’asseyant sur une plume des coussins, qui garnissaient son carrosse, déclenchant un abcès à l’anus, qu’il aurait fallu immédiatement inciser pour éviter que la blessure ne s’infecte.
Epouvantés à l’idée de porter la main sur le fondement de la monarchie, les médecins du roi optent pour des médecines douces, type onguents, qui ne donnèrent aucun résultat.
Les douleurs royales durèrent près de quatre mois !
Vers le 15 mai, ce fut l’affolement général car les chirurgiens soupçonnèrent l’existence d’une fistule.
Le premier chirurgien du roi, Charles-François Félix de Tassy décide d’inciser et invente un petit couteau spécial, véritable pièce d’orfèvrerie dont la lame est recouverte d’une chape d’agent ; il a demandé cinq mois pour sa fabrication…
Il prendra le nom de « bistouri recourbé à la royale ».
L’opération eut lieu le 18 novembre, sans anesthésie , aurait duré trois heures durant lesquelles le roi aurait dit : ‘‘Est-ce fait, messieurs ? Achevez et ne me traitez pas en roi ; je veux guérir comme si j’étais un paysan’’ !
La plaie ayant du mal à cicatriser, il fallut encore deux autres incisions pour qu’enfin à Noël 1686 on puisse déclarer que le roi était définitivement sorti d’affaire et ainsi mettre fin aux rumeurs qui se propageaient à l’étranger disant que Louis XIV était à l’agonie.
Les demoiselles de Saint-Cyr
Dès que fut connue l’heureuse issue de l’intervention royale, des prières furent dites dans le royaume et les dames de Saint-Cyr (école créée par Madame de Maintenon, épouse morganatique[1] du roi) décidèrent de composer un cantique pour célébrer la guérison du roi.
C’est Madame de Brinon, la supérieure, et nièce de Madame de Maintenon, qui écrivit quelques vers assez anodins qu’elle donna à Jean-Baptiste Lully pour les mettre en musique ; cette cantate en latin, Domine salvum fac regem ( Dieu sauve le roi ) devient très vite un hymne royal.
Les compositeurs : Lully et Haendel (à droite)
[1] Union entre un souverain, ou un prince d’une maison régnante, avec une personne de rang inférieur. L’épouse est alors qualifiée d’épouse morganatique, jamais de « reine », ou alors de « reine morganatique », par exemple. Il est parfois connu sous le nom de ‘‘mariage de la main gauche’’ parce que pendant la cérémonie du mariage le marié tient la main droite de sa fiancée avec sa main gauche au lieu de sa droite.
Suite du texte en haut à droite
Les demoiselles de Saint-Cyr prirent l’habitude de chanter ce petit cantique chaque fois que le roi venait visiter leur école.
‘‘Grand Dieu sauve le roi !
Longs jours à notre roi !
Vive le roi. A lui victoire,
Bonheur et gloire !
Qu’il ait un règne heureux
Et l’appui des cieux !’’
C’est ainsi qu’un jour de 1714, Georg Friedrich Haendel, compositeur officiel du roi d’Angleterre, de passage à Versailles, entendit ce cantique qu’il trouva si beau qu’il en nota aussitôt les paroles et la musique.
De retour à Londres, il demanda à un clergyman nommé Henry Carrey de lui traduire le petit couplet de Madame de Brinon ; le pasteur s’exécuta sur le champ et écrivit ces paroles qui allaient faire le tour du monde, ‘‘God save the King’’.
‘‘God save the King,
Long life our noble King,
God save the King !
Send him victorious
Happy an glorious
Long to reign over us,
God save the King !’’
Haendel le remercia et alla immédiatement à la cour d’Angleterre où il offrit au roi, comme étant son œuvre, le cantique des demoiselles de Saint-Cyr.
Le roi Georges Ier, très flatté, félicita le compositeur et déclara que dorénavant, le ‘‘God save the King’’ serait exécuté lors des cérémonies officielles et cela jusqu’à l’avènement de la reine Victoria en 1837, date à laquelle il devient pour les reines, ‘‘God save the Queen’’. Etant donné que l’hymne est chanté en l’honneur du souverain, il est le seul individu à ne jamais le chanter.
Le roi Georges Ier
Et c’est ainsi qu’un hymne, qui nous paraît profondément britannique, est né de la collaboration, d’une dame française (Madame de Brinon), d’un Florentin (Lully), d’un Anglais (Carrey), d’un Allemand naturalisé Anglais (Haendel), et d’une fistule au fondement de sa majesté le roi de France, Louis XIV.
Un hymne européen avant la date !
A savoir que pour certains, cette histoire de cantate ne serait qu’une fiction racontée par la Marquise de Créquy dans ses mémoires “Souvenirs”.
Mais une chose est sûre : Louis XIV n’a vraiment pas eu de chance niveau santé et aurait dans tous les cas eu besoin d’une petite chanson pour lui remonter le moral !
Quant au scalpel conçu pour sauver le roi, il est désormais exposé au Musée de l’Histoire de la Médecine.
Selon une version alternative, la chanson aurait été importée par l’intermédiaire du roi d’Angleterre Jacques II qui, vivant en exil en France à partir de 1689, aurait entendu l’hymne et décidé de l’adopter lorsqu’il remonterait sur le trône, ce à quoi il ne parvint pas, avant que les partisans de son fils, Jacques François Stuart, entonnent le chant lors de sa dernière tentative de prise du pouvoir en août 1745 !
Ce chant est utilisé en Grande-Bretagne par tradition, mais n’a jamais été fait hymne national, ni par une loi du Parlement, ni par proclamation royale.
Néanmoins, c’est l’hymne utilisé par le gouvernement et le plus populaire à travers le monde.
Il est entendu partout : un match de football, un défilé, une cérémonie, un mariage princier, etc.
Autre point important, il n’est pas figé : la version n’est que transitoire, elle cède la place au « God save the Queen » à l’avènement d’une reine.
Après cette lecture, pourrez-vous désormais écouter le célèbre ‘‘God save the King’’ sans penser, avec un brin d’humour, à cette petite plume ?
Suite du texte en haut à droite
Texte proposé par Claudine Proriol
Source : Internet