Page 3 - LE NOUVEL AN ET LA CARTE DE VOEUX, HISTOIRE D'UNE VIEILLE TRADITION
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En France, le Jour de l’An n’a pas toujours été C’est le roi Charles IX qui rendit obligatoire la
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le 1 janvier. date du 1 janvier comme origine de l’année,
Sous les Mérovingiens, l’année en vertu de l'édit de Roussillon du 9 août 1564.
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commençait le 1 mars dans plusieurs de
nos provinces. Ce fut en 1582, lors de l’introduction du
Elle débutait à Noël sous Charlemagne, calendrier Grégorien (initié par le pape
dans tous les territoires soumis à sa Grégoire et qui n’est autre qu’une réformation
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juridiction. du calendrier Julien), que le 1 Janvier fut
Sous les Capétiens, le jour de l’an rétabli comme premier jour du nouvel an. Bien
coïncidait avec la fête de Pâques, usage que ce calendrier fût immédiatement adopté
presque général au Moyen Age. par plusieurs nations catholiques, il fut
En certains lieux, l’année changeait le
progressivement adopté par les nations
25 mars, fête de l’Annonciation. Le concile protestantes.
de Reims, tenu en 1235, mentionne cette
date comme « l’usage de France ».
2.
La coutume d’envoyer des cadeaux et des signes au Nouvel An date de la Haute Antiquité.
Les Égyptiens s’offraient des flacons. Le premier jour de janvier, les Romains s’échangeaient des vœux
et des présents.
Les Célestiaux (noms donnés alors aux Chinois du Céleste Empire) se servaient bien avant nous de ces
cartes autrefois dénommées cartes de visite qu’ils envoyaient aux personnes qu’ils avaient côtoyées
pendant l’année.
Chez eux, les cartes étaient de grandes feuilles de papier de riz, dont la dimension augmentait ou
baissait suivant l’importance du destinataire et au milieu desquelles, avec des encres de plusieurs
nuances, on écrivait les nom, prénoms et qualités de l’envoyeur.
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Il paraît que, lorsque la carte était à l’adresse d’un mandarin de 1 classe, elle avait la dimension d’un
de nos devants de cheminée !
sévère tenue noire, lequel, l’épée au côté, se
chargeait d’aller présenter vos compliments à
La coutume d’échange de souhaits existait
domicile ou d’inscrire votre nom à la porte du
depuis très longtemps.
destinataire.
Ancêtres de la carte de souhaits, les feuillets de
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bons vœux apparurent dès le début du 15 Bientôt la coutume s’en répandit dans toute
siècle. l’Europe occidentale. La carte de visite comme
carte de vœux fit florès à la fois en Hollande, en
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Mais jusqu’au 17 siècle, il était de coutume Allemagne, en France et en Italie ; les graveurs,
dans les quinze jours suivant le Nouvel An, de eux-aussi, pour aider au développement de
rendre visite en personne (ou encore on
cette nouvelle industrie, se chargèrent non
chargeait souvent son laquais de ce soin), à ses seulement de graver les cartes, mais encore de
proches et à ses relations professionnelles, les faire porter à domicile.
mais aussi à des pauvres ou des malades
( principalement en France).
Cet usage devenant trop contraignant, on C’est vers 1750 qu’on commença à déposer
des ‘‘cartes pour visites’’. Cette carte fut
commença à le remplacer par des passages
‘‘ éclairs’’ avec remise au concierge d’une carte d’abord un bout de carton quelconque,
de visite portant les vœux. Des industriels souvent même une vieille carte à jouer au dos
avaient même monté diverses agences, qui, de laquelle on inscrivait son nom, et que l’on
contre la modique somme de deux sols, glissait dans la serrure de ses amis et
mettaient à disposition un gentilhomme en connaissances quand on ne les trouvait pas au
logis.