Page 11 - CREYS-MEPIEU SON HISTOIRE, SON PATRIMOINE
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(poêle à longue queue, percée de trous). La soirée se terminait dans une ambiance chaleureuse et
joyeuse.
Retour des Champs à Creys (Isère) - Peinture d’Adolph Appian - 1863
• Un usage local : ‘‘prendre la poule’’
Dans cette région, il était d’usage que les parents de la jeune fille donnent, quelques jours avant le
mariage, une poule aux garçons de son âge habitant le village.
Ceux-ci allaient la manger ensemble. La poule pouvait, d’ailleurs être remplacée par une somme
d’argent. La plupart des parents le faisaient volontiers.
On disait que les garçons allaient ‘‘prendre la poule’’ chez la mariée.
Si par hasard les parents refusaient, les garçons, le jour du mariage, faisaient la ‘‘baïe’’ : le long du
cortège, ils tapaient sur des ustensiles de cuisine pour manifester leur mauvaise humeur !
• Quelques dictons patois
Pendant des siècles, le patois - dialecte de la langue franco-provençale en Nord-Isère- a été l’unique
langue parlée dans les campagnes et ce n’est qu’à partir des années 1950 qu’il disparaît petit à petit ;
certains le parlent encore un peu, d’autres le comprennent mais ne savent pas le parler. C’est pourtant
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une langue qui, bien qu’elle ne soit plus écrite (François I avait imposé l’usage du français pour tous
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les actes administratifs ) avait survécu jusqu’au milieu 20 siècle, voire plus.
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Le patois était caractérisé, entre autres choses, par l’emploi de dictons ou d’expressions dont
certains ne manquaient pas de saveurs.
En voici quelques-uns, extraits de Creys-Mépieu Informations n°7 , de 1995 :
‘‘Frore que frore, lo liors sont lo liors’’
En français, traduit littéralement : ‘‘frère que frère, les liards sont des liards’’.
L’argent passe avant tout, même avant les sentiments familiaux, bien que l’on soit frères, l’appât
du gain est le plus fort.
‘‘Te n’o jamé vu peto lo louo chu la pierra de boué’’
Littéralement : ‘‘tu n’as jamais vu péter le loup sur la pierre en bois’’.
Allusion à quelqu’un qui n’a jamais eu trop de difficultés dans sa vie, et qui était surpris et
décontenancé quand tout n’allait pas comme prévu.
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2 En 1539, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, François I impose la pratique du français à la place du latin
dans tous les actes juridiques et administratifs. Il donne ainsi une impulsion décisive à une langue qui est déjà
celle de la cour et de la ville.
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