Page 4 - LA TAILLANDERIE A NANS SOUS SAINTE ANNE
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L’ensemble des constructions et aménagements hydrauliques datent de la deuxième moitié du 19
siècle. Le site est parvenu jusqu’à nous dans l’état où il était lors de la cessation de ses activités en
1969, c’est-à-dire en complet état de fonctionnement.
La fabrication des faux
- Préambule
A l’origine, la faux était façonnée par le forgeron du village. Ce mode de fabrication explique la grande
diversité des modèles.
Par la suite, des forgerons se sont spécialisés dans la fabrication d’outils taillants et furent appelés
‘‘taillandiers’’.
Parmi ces derniers, certains choisissent de s’orienter vers une production spécifique : la faux.
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Lorsque la fabrication s’industrialise au 19 siècle, les fabricants sont contraints de produire de
nombreux modèles afin de répondre aux exigences des utilisateurs fortement attachés à leurs
habitudes.
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Entre la fin du 18 siècle et le début du 19 siècle, la faux devient une véritable question d’Etat.
Les faux de qualité sont alors importées (Autriche). Avec la multiplication des pairies artificielles, les
besoins en faux augmentent et la France doit faire face à l’insuffisance de sa production, les archives
témoignent de cette pénurie et de l’urgente nécessité de développer une fabrication française.
Face à ce besoin, l’Etat encourage, l’installation des fabriques à faux, la débauche des ouvriers
étrangers en raison de leur précieux savoir-faire et y adjoint des aides financières.
Le vrai départ de la fabrication de faux est donné en 1816, date à laquelle Soult, maréchal d’Empire,
crée une manufacture de faux à Toulouse ; 25 000 faux y sont produites en 1817 et 100 000 en 1819.
La production française atteint son apogée à la veille de la Première guerre mondiale avec
1 000 000 de faux par an.
Par la suite, face à la concurrence de la faucheuse mécanique, elle décline progressivement.
En 1930, elle est de 800 000 faux par an, et en 1936 de 500 000 faux.
Deux lieux de production ont tenu une place importante dans l’histoire de cette production :
Les usines de Pont-Salomon en Haute-Loire établies en 1842 par Alexis Massenet, un polytechnicien
(soit un ensemble de 7 usines) et la taillanderie de Nans-sous-Sainte-Anne dans le Doubs qui est une
entreprise familiale, une ferme-atelier.
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A savoir que milieu 19 siècle, la moitié des communes du département du Doubs est équipée d’une
installation hydraulique ; on compte alors 48 taillanderies (forges spécialisées dans la fabrication des
outils coupants ou taillants : faux, faucilles, serpes, etc.).
- Du lingot à la faux, la fabrication des faux se faisait en plusieurs étapes
De la barre d’acier au produit fini, la fabrication d’une lame de faux comporte de très nombreuses
phases : 9 ‘‘passes’’ (opérations) et 7 ‘‘chauffes’’. C’est un travail complexe qui nécessite l’intervention
d‘une main d’œuvre qualifiée.
L’acier, livré en barres, est tout d‘abord découpé en ‘‘lingots’’ ou ‘‘lopins’’.
Jusqu’en 1940, il était importé de Suisse, d’Autriche ou de Suède. Après 1940, l’acier français est
préféré, considéré comme de meilleure qualité.
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