Page 4 - VOLTAIRE ET L'AFFAIRE CALAS
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Son argumentation rigoureuse est fondée sur la logique et bon sens :
Il doute qu'un homme de 68 ans, par ailleurs malade, ait pu pendre un jeune homme de 28
ans, sans que celui-ci ne réagisse et sans attirer l'attention des habitants de la maison. Cela
n'est possible qu'à moins d'avoir des complicités dans la famille. Mais alors pourquoi celle-ci
est-elle acquittée ?
Pour Voltaire, ces incohérences sont la marque de règlement de compte entre adversaires
religieux, les Catholiques et les Protestants locaux. Il dénonce en particulier l'enquête rapide
et à charge menée par David de Beaudrigue, un des Capitouls.
Il forme à Genève un comité d'enquête formé de pasteurs protestants, de négociants, de
banquiers et d'avocats. Ils doivent centraliser les renseignements concernant l'affaire et gérer
l'argent que les particuliers et les souverains protestants européens envoient pour soutenir la
famille Calas.
Voltaire publie de nombreux libelles et mémoires où sous la forme de contes philosophiques
ou de recueils d'arguments il dénonce les conditions du procès. Il inonde d'un abondant
courrier les ministres, comme Choiseul et même l'ancienne favorite Madame de Pompadour.
Il envoie Madame Calas défendre sa cause à Paris où elle est reçue par l'élite intellectuelle.
Elle obtient audience des ministres du roi et est même présentée à la Cour à Versailles.
C'est ainsi qu'un an après la mort de Jean Calas, Voltaire publie en 1763 son ‘‘Traité sur la
tolérance’’.
Voltaire y dénonce le disfonctionnement de la Justice et l'intolérance religieuse à partir d'un
fait réel.
Par un plaidoyer destiné en premier lieu à réhabiliter Jean Calas, il combat le fanatisme qui
aveugle les juges et leur fait prendre des décisions précipitées.
Il mobilise dans cet essai toutes les ressources argumentatives pour convaincre et persuader
le lecteur. En mettant son écriture au service de la Justice, il montre qu'il est un écrivain
engagé.
Ce texte est aussi représentatif du combat du philosophe des Lumières qui luttent contre
toute forme d'injustice, à commencer par l'intolérance religieuse de son époque, ce que
montre la conclusion du Traité sur la Tolérance : la "Prière à Dieu" (cf. annexe).
Cette publication remet l'affaire sous
la lumière, et la famille Calas obtient
Avec son intervention pour faire réviser
un entretien auprès du roi Louis XV.
le procès Calas, Voltaire est considéré comme le
Le roi Louis XV ordonne un nouveau
premier homme de lettres en France à s'investir procès, mais qui doit se tenir à Paris
publiquement dans une affaire judiciaire. afin d'échapper à l'atmosphère
empoisonnée de Toulouse ; le
Par l'Édit de Versailles, le 7 novembre 1787,
Parlement de Toulouse refusera
Louis XVI met fin à la répression envers les
toujours de revenir sur son
protestants.
jugement.
La liberté de culte fut définitivement adoptée Le parlement de Paris est saisi de
l'affaire. Une assemblée de quatre-
avec la Déclaration de l’homme et du citoyen,
en août 1789. vingts juges et le Conseil du Roi
réhabiliteront Jean Calas en le
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