Page 4 - QUE S'EST-IL PASSE LE 11 NOVEMBRE 1918
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La responsabilité de cette défaite sera prise en charge par les politiques, puisque l'armée
allemande est encore en territoire ennemi et ne s'est pas (encore) effondrée. C'est le
gouvernement allemand qui fera officiellement la demande d’armistice (et non l'armée).
Les militaires s'étant défaussés, c'est à un civil, Matthias Erzberger, que revient la pénible
tâche de négocier l'armistice qui est en fait une capitulation ne disant pas son nom.
Ce stratagème permet à l'armée allemande de ne pas se présenter comme vaincue devant la
nation.
De son côté, le gouvernement français de Georges Clemenceau préfère aboutir le plus vite
possible à la fin des combats. Il est conscient que la destruction de l'armée allemande la
rendrait inopérante face à des révolutionnaires. Il connait la lassitude des populations civiles
et des soldats qui ont subi plus de quatre années de guerre et de sacrifices.
Le 9 novembre au matin, le prince Max de Bade téléphone à l'empereur, à Spa.
‘‘Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l'Allemagne de la guerre civile’’, lui dit-
il. Guillaume II s'y résout et part en exil aux Pays-Bas, resté neutre pendant le conflit.
Deux jours plus tard, le 11 novembre 1918 Allemands et Alliés signent l'arrêt des combats
(l'armistice) dans l'attente du traité de paix définitif.
Sur les autres fronts
Les armées alliées d'Orient lancent en juin 1918 une offensive décisive. La Bulgarie fait, la
première, défection à l'Allemagne et signe l'armistice dès le 29 septembre 1918.
L'empire ottoman signe à son tour l'armistice de Moudros le 30 octobre 1918.
Le mois suivant, la débandade des empires centraux est consommée. L'Autriche-Hongrie signe
l'armistice de Villa Giusti avec l'Italie le 3 novembre.
Les Tchèques proclament leur indépendance le 14 octobre, suivis par les Hongrois, puis les
er
Croates et les Slovènes. L'empereur austro-hongrois Charles I abdique le 13 novembre.
3.
La délégation allemande est reçue en forêt de Compiègne près de Rethondes, le 8 novembre.
Le lendemain, l’empereur Guillaume II ayant abdiqué, la République est proclamée en
Allemagne et le nouveau gouvernement accepte les conditions d’armistice.
Le 11 novembre 1918 à 5h45 du matin, l’armistice est signé dans les conditions demandées.
Les hostilités sont suspendues le même jour à 11 heures. L'armistice reconnaît de facto la
victoire des Alliés et la défaite de l'Allemagne, mais il ne s'agit pas d'une capitulation au sens
propre.
Celui signé le 11 novembre est d’une durée de 36 jours et il est reconduit à plusieurs reprises.
Ce n’est qu’au moment de la signature des traités de paix à Versailles, le 28 juin 1919, que la
sortie de guerre est actée.
Le choix du lieu
L’état-major souhaite un lieu peu éloigné du front et du Quartier-Général allié mais isolé des
regards, capable d’accueillir deux trains : un pour les Alliées et l’autre pour les Allemands.
Ce site de la clairière de Rethondes était équipé de deux épis ferroviaires (2 voies ‘‘parallèles’’),
distants d’une centaine de mètres et reliés à la ligne de Compiègne. Ils servaient alors à
l’acheminement des pièces d’artillerie lourde sur le front.
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