Page 5 - BATELLERIE DU RHONE ET CROIX DES MARINIER
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fortunés  inhumés  à  l’intérieur  de
                      OU PLACAIT-ON LA CROIX DE MARINIERS ?           l’ancienne    église   Saint-Sornin,
                                                                      désaffectée  en  1935  et  devenue
                    Le fleuve était bordé, côté RIAUME et côté EMPI,   musée  des  mariniers  et  de  la
                    d’un  chemin  de  halage  qui  permettait,  à     batellerie du Rhône en 1939.
                    l’aide de chevaux de tracter des “trains de bateaux”.
                    A la tête de ces équipages et de leurs mariniers, il y
                    avait  un  “patron” ;  sa  barque  dite  barque
                    patronne, portait à la proue, une croix en bois qu’il   Les   mariniers,   ignorant   les
                    avait confectionnée lui-même.                     conventions               artistiques
                    Elle avait pour vocation de protéger l'embarcation   académiques,  les  réalisaient  eux-
                    et ses occupants mais aussi tout le convoi, le ‘‘train   mêmes,  pendant  leur  temps  libre
                    de  barques’’,  voire  toute  la  corporation  des   fréquent,   lors   des   périodes
                    mariniers.                                        d’inactivité dues aux basses eaux et
                    Cette  croix  de  marinier  est  en  bois,  sculptée  et   aux  crues,  en  travaillant  le  plus
                    peinte durant la mauvaise saison par le patron.    souvent  des  bois  ramassés  sur  les
                                                                      rives,  bois  échoué  ou  flotté,  trouvé
                                                                      sur  le  fleuve,  sur  les  rives  ou
                           elle est le symbole du marinier puissant, libre   simplement  acheté  à  la  foire  de
                    et indépendant.                                   Beaucaire,  puis  peintes  de  couleurs

                                                                      vives.
               Les instruments sculptés sur les bras de la croix symbolisaient l’expression d’un art populaire
               oscillant entre croyance païenne et interprétation très personnelle de la pratique religieuse.
               Les croix de mariniers constituaient aussi des évangiles historiés, faciles à décrypter par tous,
               car les analphabètes étaient nombreux dans les couches populaires à cette époque.





























                               Musée de Serrières : maquette de barque patronne (première barque)
                             réalisée par Claudius, bénévole guide du musée - photo ©GEAH MORESTEL
               Ces croix se trouvaient sur les bateaux rhodaniens, donc affectés aux transports fluviaux sur
               le Rhône. Elles mesurent généralement entre 50 cm et 1,50 m de haut.
               Les croix de marinier étaient bénies par le prêtre avant le départ pour la ‘‘décize’’ (descente
               du Rhône) ou la ‘‘remonte’’.
               Sans  la  multitude  d’objets  qu’elles  arborent  les  croix  seraient  de  simples  crucifix.
               En  adoptant,  la  croix  de  la  Passion  du  Christ  comme  emblème  de  leur  corporation,  les
               mariniers du Rhône ont eu le souci de la personnaliser : une embarcation rhodanienne,
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