Page 16 - REPRISE DE SAVOIE 2009 CONFLANS & CHATEAU FORTERESSE DE MIOLANS
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fut pas jugée digne de sépulture par le gouverneur du moment, Pierre LEBLANC, le pire
qu’ait connu la forteresse, d’autres sombraient dans la folie ou mouraient de maladie.
L’ENFER aussi a sa légende : celle de Yolande, “infidèle” à son époux parti en Croisade qui
fut emmurée vive dans une partie de l’ENFER…délivrée plus tard par son fils, elle serait
devenue folle !
Certains prisonniers nous ont laissé des graffitis que l’on peut toujours voir dans les
cellules ainsi, « En Dieu me fie, non à autre, 1771 » au PURGATOIRE.
Il était facile alors de descendre en ENFER, alors que la montée au PARADIS était très
improbable !
Nombreux sont ceux qui tentèrent de s’évader, avec plus ou moins de succès. La prison
compta au total environ 200 prisonniers.
Le prisonnier évadé, le plus célèbre, fut le Marquis de SADE, historien et philosophe
français, futur auteur de la Nouvelle Justine. Accusé d’empoisonnement par trois
prostituées, à qui il avait fait consommer en fait des aphrodisiaques, il évite la condamnation
à mort en FRANCE en s’exilant et sur demande expresse de sa belle-mère auprès du roi de
SARDAIGNE est emprisonné à MIOLANS le 9 décembre 1772.
Il est traité avec les égards dus à son rang, occupe la cellule du TRESOR, y fait venir
mobilier et nourriture extérieurs. Il reçoit également des invités, joue avec eux à des jeux
d’argent. Grâce à un stratagème lié au jeu, et à son épouse, il s’évade avec son valet et un
autre prisonnier, par une fenêtre sans grille de l’appartement de son gardien le soir du 30
avril 1773.
Ses cinq mois de détention sont bien connus grâce à une abondante correspondance
entre le marquis et ses proches et différentes autorités.
Ce n’est ni son premier, ni son dernier séjour en prison, loin de là…..
- La Tour SAINT-PIERRE et le jardin médiéval
Cet aménagement paysagé que nous traversons maintenant était la haute-cour, nous
voyons ainsi en bordure d’à-pic, les oubliettes qui n’en ont que le nom. Cette salle d’environ
3 mètres de profondeur à laquelle on accède par quelques marches, est probablement une
simple glacière permettant de conserver des blocs de glace pour les périodes estivales.
Certains d’entre nous montent à la TOUR ST PIERRE, construite sur le rocher, dont les
trois niveaux sont desservis par un escalier hors-œuvre. Chaque étage comporte les
éléments nécessaires à la vie des seigneurs : latrines, cheminée, baie à coussiège. Au second
étage, on voit sur le manteau de la cheminée un blason sculpté aux armes d’ANTHELME IV.
Sa terrasse bordée d’un parapet crénelé offre une vue panoramique allant du MONT
BLANC, à gauche, la chaîne de BELLEDONNE, puis les massifs de CHARTREUSE et du
VERCORS, à droite.
Nous apercevons au second plan une construction en demi-rond, le Fort d’ETON qui
surveillait l’accès au fort de TAMIE, les vignes sous le château, FRETERIVES et ses domaines
agricoles importants.
Face à nous, le château lui-même : les vestiges de la chapelle des prisonniers, à droite la
citerne d’eau provenant d’une source, grillagée pour sa protection.
Nous terminons notre visite par le jardin médiéval entretenu par un paysagiste où l’on
trouve l’agripaume, la bétoine, le calendula officinal, le marrube blanc, l’anis vert, le myrte,
des plantes toxiques comme l’hellébore, la grande sigue, la belladone, etc.
Solange BOUVIER
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