Page 15 - REPRISE DE SAVOIE 2009 CONFLANS & CHATEAU FORTERESSE DE MIOLANS
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MIOLANS ROUSSILLON et une grande fenêtre à meneaux  à double coussiège sur lesquels les
               dames nobles cousaient ou « papotaient ».
                   Nous  apercevons  au  passage,  la  porte  de  la  haute-cour,  très  profonde,  entièrement
               appareillée en pierre de taille, cette porte à deux vantaux est encadrée par deux meurtrières
               précédées chacune d’une chambre de tir, puis l’emplacement du second pont-levis et les
               échauguettes ou tourelles rondes où se tenaient des gardes armés, les fossés et les piles sur
               lesquelles reposait ce second pont-levis.
                    Nous arrivons dans une vaste salle qui conduit au donjon, elle est appelée « salle des
               gardes » depuis l’époque des Prisons.
                   Le donjon est cet imposant bâtiment quadrangulaire de 23 mètres de haut au-dessus du
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               fond du grand fossé, édifié fin 15   siècle.
                   Ses angles NORD-EST et SUD-EST sont flanqués de très gros contreforts. Il s’étage sur six
               niveaux desservis par un escalier à vis aménagé dans une tourelle d’angle au SUD-OUEST. Il
                                                                                                  e
               est  surmonté  d’une  terrasse  entourée  d’un  parapet  crénelé  remonté  au  19   siècle.
               L’homogénéité  architecturale  de  cette  tour,  symbole  du  pouvoir  seigneurial,  s’observe  à
               chaque niveau malgré les transformations intervenues au temps des prisons.
                   En effet, de bas en haut, chaque geôle porte un nom représentatif des conditions de vie
               des occupants : ENFER, PURGATOIRE, TRESOR, ESPERANCE et PARADIS.
                   Nous choisissons de descendre en ENFER pour poursuivre notre visite.
                    C’est une salle froide et humide, éclairée par une toute petite fenêtre au NORD, c’est la
               pire  de  toutes,  prison  de  rigueur  ou  de  punition.  Puis  juste  au-dessus  se  trouvait  le
               PURGATOIRE, de même taille, mais avec une grande fenêtre ce qui la rendait plus saine. Au
               deuxième étage, le TRESOR comportait en plus une cheminée. Venait ensuite le logement du
               gouverneur  composé  de  trois  pièces,  qui  occupait  tout  le  troisième  étage.  Le  reste  des
               cellules se trouvait au-dessus.
                   L’ESPERANCE  était  la  meilleure  des  pièces  avec  à  côté  la  PETITE  ESPERANCE  et  le
               CONFESSIONNAL où l’aumônier recevait des prisonniers en confession.
                   Enfin, nous remontons au PARADIS, nommé ainsi en opposition à l’ENFER, car c’était la
               plus haute et la mieux exposée des cellules.
                   L’escalier qui desservait les différents niveaux du donjon s’ouvrait en bas, dans le fossé
               séparant  basse-cour  et  haute-cour,  fossé  qui  servait  de  cour  de  promenade  pour  les
               prisonniers. Une chapelle destinée aux prisonniers était située dans la haute-cour, entre le
               puits et l’escalier d’accès à la galerie couverte.
                   Nous montons jusqu’au 6  ème  étage du Donjon pour admirer le paysage.

                      -  La vie carcérale et un prisonnier célèbre

                   Le  régime  carcéral  était  fonction  de  la  qualité  des  prisonniers,  l’isolement  était  de
               rigueur et aucune visite n’était possible sauf assentiment du duc.
                   Les  profondes  fenêtres  étaient  doublées  de  barreaux  serrés  et  les  prisonniers  ne
               pouvaient apercevoir l’extérieur.
                   Ils n’avaient souvent que peu de vêtements pour se protéger des intempéries. Si de plus
               la cellule ne possédait pas de cheminée, ils souffraient terriblement du froid en hiver.
                   Les cellules étaient attribuées selon la gravité des faits mais aussi selon la fortune des
               prisonniers ou de leurs familles, car ils devaient assumer leurs frais de pension. Quand ce
               n’était  pas  possible,  ils  étaient  au  pain  et  à  l’eau,  on  peut  alors  imaginer  l’ambiance  qui
               régnait  en  ENFER,  et  comprendre  que  certains  préfèrent  se  suicider,  telle  Mariane
               MURATORE, emprisonnée à vie pour « sorcellerie » qui se jeta des remparts en 1727 et ne

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