Page 6 - DECOUVERTE DE MORESTEL A TRAVERS SON HISTOIRE ET SES MONUMENTS
P. 6
- L’intérieur
Après quelques marches, que nous devons au rehaussement de l’entrée de l’église lors de la
réfection de son sol en 1856, nous pénétrons à l’intérieur pour découvrir un plan basilical classique,
nef centrale, deux travées et un chœur très important.
Ce chœur est de style gothique (cf. voutes en ogive qui permettaient d’avoir une plus grande
luminosité, offrant la possibilité d’une plus grande hauteur).
Nous sommes aux prémices du gothique car les piliers sont peu travaillés et les murs très épais.
Les dimensions de l’église :
- Largeur du bas-côté droit : 3,57 mètres
- Largeur du bas-côté gauche : 2,50 mètres
- Profondeur des bas-côtés : 13,50 mètres
Dans ce chœur, les boiseries, en chêne, sont très récentes, elles datent des travaux de rénovation
de l’église en 1998.
Il faut préciser qu’un maître-autel en bois sculpté et doré habillait le chœur à l’époque des moines
Augustins, il était encadré dans un retable peint, flanqué de deux colonnes. Vendu en 1860, ce retable
est maintenant visible à l’église d’Arzay-en-Isère.
Le maître autel actuel date de 1965.
La décoration et le chemin de croix de belles
dimensions, réalisé par Louis Bon, peintre diocésain
e
lyonnais, sont du 19 siècle.
Six niches creusées dans les murs gouttereaux, sont
appelées piscines ou lavabos liturgiques ; elles sont
2
ornées d’un cavet ou accolade sur le dessus, typique
e
e
de l’art des 15 et 16 siècles. Près de chaque piscine se
trouvaient les anciens autels privatifs où étaient
apposés les blasons des notables de la ville.
Le vitrail central réalisé par le maitre-verrier
grenoblois, Christophe Berthier, inauguré en avril
1999, contraste nettement avec les vitraux latéraux.
Pourquoi ce changement de style ?
Piscine liturgique avec cavet
Rappelons qu’à l’époque romane le statuaire était
destiné à enseigner aux fidèles les notions de Bien et de Mal, à l’époque gothique les vitraux ont relayé
ce rôle didactique et aujourd’hui le vitrail, devenu décoratif, se doit d’inciter au recueillement.
Cette église est ouverte tous les jours au public, très fleurie, grâce à la communauté des sœurs
franciscaines qui résident tout près.
Nous nous déplaçons jusqu’à l’autel de la Vierge pour découvrir une curieuse plaque de marbre
blanc, écrite en latin et en caractères gothiques longs et très serrés, qui fut martelée par les Huguenots
pendant les guerres de Religion, pense-t-on.
Elle a été récupérée lors de la démolition de l’ancienne église paroissiale, extramuros et peut être
lue comme suit.
L’an 1518, noble Claudius de La Balme, réfectorier de l’illustre Chapitre de Saint-Chef (auquel
l’église était rattachée) fait une fondation de messes à célébrer tous les samedis et aux diverses fêtes
de la Vierge et fait constater cette fondation par cette inscription dans le marbre.
Le premier paragraphe permet d’établir une prière à la Vierge. La première lettre du texte porte
une bien étrange enluminure, qui représente un visage armé de dents à la langue sortante, sans doute
fait-il référence au Diable !
Sur le fronton, des statues en bas-relief, représentent la Vierge debout, le cœur percé de sept
glaives, en référence à Notre Dame aux sept douleurs. A ses pieds, est étendu le corps du Christ, à sa
2 Le cavet est une moulure creuse dont le profil est proche du quart de cercle.
5