Page 3 - LES VITRES
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Selon toute probabilité, l’ouvrier plaçait sur une pierre polie et saupoudrée de fine argile un
               cadre rectangulaire de la dimension désirée. Il y versait ensuite le verre fondu à l’aide d’une
               cuiller en bronze.
               Le verre s’étalant à la surface de la pierre venait s’arrêter aux parois du cadre et l’ouvrier
               aplanissait cette pâte avec des palettes.
               Cependant, il s’agissait là d’une avancée considérable par rapport à l’existant, lequel était
               obtenu en plaçant des pierres spéculaires (mica, talc et gypse) ou des vessies d’animaux sur
               les ouvertures des maisons …
                                                       e
                                                             e
               Quelques années plus tard, durant les 2  et 3  siècles, la technique s’affinera encore et les
               Romains utiliseront désormais du verre de meilleure qualité, fabriqué à base de potasse.
               Plus encore, il apparaît qu’ils avaient également inventé le double vitrage pour conserver la
               chaleur des thermes ! Cela grâce à un système de mille-feuille en deux ou trois épaisseurs,
               composées de verre et de bois. Nous pourrions dire, en parodiant Astérix, ‘‘Ils sont forts ces
               Romains!’’




               Ne pas  avoir  de  fenêtres  !  Ignorer  l’usage  des vitres,  ces transparentes  cloisons qui  nous
               abritent si bien de l’air extérieur, en laissant pénétrer jusqu’à nous la lumière !
               Combien de temps dura cette obscurité ?
                                                               On ne peut le dire au juste ; toujours est-il
                                                               que  les  fenêtres  ne  commencèrent  à
                                                               paraître  en  France  que  vers  l’époque
                                                                                                         e
                                                               carolingienne, et que jusqu’au milieu du 15
                                                               siècle, les vitres furent pour nos ancêtres un
                                                               véritable objet de luxe.
                                                               Objets de luxe, on remplaçait les vitres alors
                                                               tantôt par des volets de bois, tantôt par de
                                                               la toile cirée ou du papier huilé, comme en
                                                               témoigne  ce  passage  des  ‘‘Comptes  de
                                                               l’argenterie  des  rois  de  France’’,  daté  de
                                                               1454 : ‘‘Deux aunes de toile cirée dont a été
                                                               fait un châssis, mis en la chambre du retrait
                                                               de ladite dame reine au château de Melun.’’
                                                               Et  cet  autre  :  ‘‘Quatre  châssis  de  bois  à
                                                               tendre le papier pour les fenêtres de ladite
                                                               chambre...,  et  huile  à  les  oindre  pour  être
                                                               plus clairs.’’
                  Exemple de transparence d’une pierre spéculaire   Un écrivain sacré, Lactance, a fait le premier,
                                                                                     e
                                                               mention des vitres au 4  siècle. Il dit quelque
               part que notre âme voit et distingue les objets par les yeux du corps ‘‘comme par des fenêtres
               garnies de verre’’.

               Les fenêtres étaient auparavant obstruées par des peaux, panses ou vessies animales tendues
               et séchées, de la corne.







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