Page 6 - LES JOYAUX DE LA COURONNE DE FRANCE
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"Les  boîtes  à  portrait  étaient  des  instruments  du  pouvoir
               suprême  exercé  par  Louis  XIV.  Elles  étaient  utilisées  comme
               cadeaux  par  le  souverain  pour  récompenser  certaines
               personnalités  pour  service  rendu  comme  des  ambassadeurs
               étrangers, des ecclésiastiques ayant contribué à la signature
               d’un  traité,  voire  des  poètes  ayant  œuvré  à  sa  gloire"
               explique Michèle Bimbenet-Privat, conservatrice générale au
               département Objets d’art du Louvre.
               Au  revers  de  la  "boîte  à  portrait",  une  plaque  d'or  émaillée
               portait le chiffre royal du double L entrelacé.
               Plus de 300 boites à portraits ont été commandées au cours du
               règne  de  Louis  XIV  au  joailler  Jean  Pittan  et  au  célèbre
               miniaturiste  sur  émail  Jean  Petitot.  Mais  il  n’en  reste  plus
               aujourd’hui  que  trois  au  monde,  celle  du  musée  du  Louvre
               étant la plus complète ( acquise en 2009). Toutes les autres ont
               été  démontées  par  leurs  propriétaires  ou  héritiers  pour  en
               soustraire les diamants et récupérer le portrait.
                                                                                 Boite à portrait incrusté de
               En  1669,  deux  marchands  aux  longs  cours,  Jean-Baptiste        diamants vers 1680
               Tavernier et son concurrent hollandais David Bazu rapportent         - Musée du Louvre -
               à Louis XIV des centaines de gemmes extraordinaires.
                                                                                     Musée du Louvre
               Parmi eux, un diamant de 115,4 carats originaire de Golconde
               qu’on  appellera  ensuite  ‘‘le  Diamant  Bleu’’  et  un  saphir
               parallélépipédique  de  135,8  carats  originaire  de  Ceylan,  dit
               ‘‘le Grand Saphir’’.
               La légende rapporte que ce dernier aurait
               été  dérobé  sur  une  statue  de  la  déesse
               Sitâ, et que le voleur, enfermé toute la nuit
               dans  le  temple,  aurait  été  frappé  par  la
               foudre  au  petit  matin.  Tavernier  aurait
               profité de la défaveur de la pierre en Inde
               pour l’obtenir à bon prix.
               Le ‘‘Grand Saphir’’ (cf. photo de droite) est le joyau actuel du
               Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).
                                                   Cette gemme n’a jamais été retaillée depuis qu’elle est
                                                   entrée dans le Trésor et lors du sac du Garde-Meuble en
                                                   1792,  elle  faisait  partie  des  rares  bijoux  auxquels  les
                                                   voleurs ne s’intéresseront pas !
                                                   Avec le grand Diamant bleu de Louis XIV commence une
                                                   histoire bien romanesque.
                                                   Le diamant est taillé pendant deux ans en 1672 par Jean
                                                   Pittan pour obtenir un bijou exceptionnel de 62 carats,
                                                   d’un bleu profond (appelé violet, à l’époque), couleur de



               Simulation du Diamant bleu de Louis XIV
                serti or – Photo MNHN François Farges




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