Page 32 - VOYAGE A VERSAILLES JUIN 2017
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Sa Majesté est très gourmande puisque sa table foisonne de petits pois, asperges, melon, fraises en
               autres et cela hors saison.
               - Mais dites-moi Monsieur, vous ne vous reposez jamais et ne paraissez guère à la Cour malgré les
               invitations du Roi ?
               - Non bien sûr, il faut veiller à ce que les plantations soient protégées du froid l’hiver,  les récoltes et les
               arrosages  l’été  (l’eau  étant  un  souci  permanent),  et  puis  il  faut  désherber,  biner,  enrichir  chaque
               parcelle, nous n’avons pas les outils que vous avez maintenant, c’est un travail harassant.
               Je n’ai guère le temps de paraître à la Cour malgré les invitations du Roi, tous ces amusements futiles
               ne m’intéressent pas, seuls mes jardins me suffisent.
               Ce que j’aime surtout ce sont les visites quotidiennes du Roi, le matin. Il fait le tour des carrés en goûtant
               les fruits surtout et nous devisons sur la taille des fruitiers (il m’a demandé de l’initier à cette discipline)
               et sur l’ordonnancement du potager.
               Et puis ce jour d’hiver 1688, par un grand froid, je me suis éteint dans une serre, près de mon cher
               jardin, attenant au petit pavillon que le Roi avait construit pour moi, Il m’avait anobli en 1687.
               Mon fils Michel a publié en 1690 mon traité ‘‘Instruction pour les jardins fruitiers et potagers’’.
               -Merci Monsieur de la Quintinie de nous avoir conté votre histoire.


               Architecture et conception du Potager du Roi  :
               L'emplacement  choisi,  peu  favorable  à  l'établissement  d'un
               potager,  nécessita  des  travaux  importants  pour  assécher  le
               marécage préexistant, ‘‘l'étang puant’’ et remblayer le terrain
               avec de la terre de bonne qualité provenant des collines de
               Satory.  Des  travaux  de  maçonnerie  importants,  pour  la
               construction de terrasses et de hauts murs, furent réalisés par
               l'architecte  Jules  Hardouin-Mansart.  Le  potager  se  trouve  à
               côté  de  la  pièce  d'eau  des  Suisses,  non  loin  de  l'Orangerie.
               Le Roi y entrait par une porte monumentale en fer forgé, la ‘‘grille
               du roi’’ qui donne sur l'allée de la pièce d'eau des Suisses. C'est   La  grille  ci-dessus  est  une
               l'une des plus belles de Versailles et elle compte parmi les rares   rescapée : en effet, le jardin a
               grilles d'origine.                                            été  abandonné  et  envahi  de
                                                                             mauvaises    herbes ;    les
               Ce  jardin  se  compose  de  deux  parties  :  une  partie  centrale   Révolutionnaires  ne  l’ayant
               consacrée à la culture des légumes, le ‘‘grand carré’’ d'une surface   pas  vu  sous  un  amas  de
               de trois hectares. Il est divisé en seize carrés disposés autour d'un   ronces, elle a été oubliée !
               grand  bassin  circulaire orné  d'un  jet  d'eau central,  qui  sert  de
               réserve  pour  l'eau  d'arrosage,  et  entouré  de  quatre  terrasses
               surélevées qui le transforment en une sorte de scène théâtrale.


















               Les carrés sont entourés de poiriers palissés sur des
                                           e
               contre-espaliers. À la fin du 18  siècle, les terrasses
               du levant et du couchant ont été transformées en
               rampes pour faciliter la circulation des charrettes.

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