Page 3 - DE L'EPIPHANIE A LA GALETTE DES ROIS
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Son texte ‘‘ne dit pas qu’ils sont des rois, pas plus qu’il ne dit qu’ils sont trois ou qu’il y en a un
qui serait noir et les deux autres arabes. Tout ce que l’on sait, c’est qu’ils viennent, ils donnent,
et ils partent par une autre route."
La visite des mages est célébrée symboliquement douze jours après la Nativité, le 6 janvier,
jour de l'Épiphanie, longtemps associée aux deux ‘‘mystères lumineux’’ du baptême dans le
Jourdain et des noces de Cana.
Il y a dans l’Épiphanie un souvenir de Noël, et le peuple a longtemps confondu dans la même
vénération, dans le même culte, la crèche de Noël, l’adoration nocturne des anges et des
bergers, et celle des mages.
Ce n’est qu’en 336 après J.C. que l’église catholique déclara officiellement le jour de Noël,
le 25 décembre, le faisant ainsi coïncider avec les fêtes païennes très populaires de l’époque
qui avaient d’anciens rituels liés au solstice d’hiver. Les célébrations fêtant le rallongement
des journées et le retour du soleil duraient aussi 12 jours.
Quant à l’Épiphanie, fêtée quelque temps avec la solennité de Noël, ce fut aussi vers le
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4 siècle que l’Eglise catholique l’en sépara, en fit la fête de l’Adoration des rois ; une fête
tout à fait distincte.
Pour les pays où le 6 janvier n’est pas un jour férié, depuis Vatican II (1962-1965) l'Eglise
catholique a fixé la célébration de la fête au dimanche inclus dans la période du 2 au 8 janvier.
Donc pour 2022, la date de l’épiphanie est le dimanche 2 janvier. De nombreux pays
cependant ont conservé la date originelle du 6 janvier, comme la Pologne.
Le partage de la galette n'a rien à voir avec la religion. Cela faisait partie des célébrations
autour du solstice d'hiver, propice aux divinations.
Les Chrétiens la mangent lors de l'Épiphanie et la célébration des rois mages.
Il est difficile de ne pas faire le lien avec les Saturnales romaines, fêtes se déroulant la semaine
du solstice d'hiver (soit du 17 au 23 décembre) célébrant le dieu Saturne et le Soleil ; un roi
était élu et donnait des gages. Durant ces fêtes, maîtres et esclaves étaient sur un pied
d'égalité et tout le monde mangeait à la même table. Un condamné à mort pouvait devenir
‘‘roi’’ le temps des réjouissances sans que cela épargne sa condamnation future .
Une fève (un haricot) était glissée dans un gâteau ou une galette dont l’aspect rond et doré
rappelait le soleil. Celui qui tombait dessus était ainsi désigné roi du festin.
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La coutume du ‘‘roi boit’’ a été attestée dès le 14 siècle. Et ‘‘tirer un roi’’ était commun dès
le Moyen Age, le 5 janvier.
Normalement, celui qui trouvait la fève devait payer sa tournée à la tablée. Certains
prétendent que les plus avares avalaient la fève afin de ne pas débourser d'argent. C'est ainsi
que serait née la fève en porcelaine, pour que le ‘‘roi’’ craigne de l'avaler.
Et autour de ce gâteau, que d’exclamations, que de battements de mains joyeux, quand le roi
de la fève, élu par le sort, se faisait enfin connaître, et quand cette majesté d’un soir portait
son verre à ses lèvres : Le roi boit ! La reine boit , scandait-on !
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