Page 7 - DE L'EPIPHANIE A LA GALETTE DES ROIS
P. 7

La galette des rois prend des formes et des parfums variés selon les régions et les traditions
               locales.
               Ainsi au Danemark, une amande est cachée dans du riz bouilli.
               En France, chaque région a son gâteau : gâteau des rois en Provence, en Aquitaine et en
               Languedoc,  pogne  ou  épogne  dans  le  Dauphiné,  garfou  ou  galfou  en  Gascogne  et  Béarn,
               galette des rois en Ile-de-France, Dreykönigskuchen en Alsace...
               Certains sont fourrés à la frangipane, mais d'autres sont briochés, à la fleur d'oranger, aux
               fruits secs...  Il n’existe pas de liste exhaustive de toutes les formes de galette des rois à travers
               la France.
               Mais de toutes les histoires, il y en a une qui lui a donné son nom de galette des rois.
               Au 16° siècle, le gâteau des rois a fait l’objet d’une guerre féroce entre les boulangers et les
               pâtissiers, chacun voulant le monopole de la vente de ce gâteau, sentant déjà là un marché
               juteux.
                                 er
               Le  roi  François  I   accorda  le  droit  aux  pâtissiers.  Les  boulangers  contournèrent  leur
               interdiction de vendre des gâteaux des rois en les substituant par des galettes qu’ils offraient
               à leurs clients.
                           e
               Ainsi, du 17  siècle aux années 1910, la coutume voulait que les boulangers qu’on nommait
               alors talmisiers ou talemeliers, offrent gratuitement une galette des rois à leurs clients, non
               sans quelques velléités d’y mettre un terme, certains chiffrant l’usage à un mois de bénéfice
               de leur commerce !
               La revue La Tradition parue en 1904 et Le Petit Parisien du 7 janvier 1909 relatent :
                   ‘‘Certains  nous  l’avouaient,  ajoutant  qu’il  avait
                   été  question  de  remplacer  le  gâteau  offert  au
                   client par un don au bureau de bienfaisance. Mais
                   l’accord n’avait pu se faire, les uns craignant de
                   mécontenter  leur  clientèle,  les  autres  faisant
                   remarquer que la remise de la galette des rois est
                   le  prétexte  donné  aux  porteuses  de  pain  pour
                   recevoir leurs étrennes.’’
                   ‘‘L’intérêt du maintien ou de la suppression de la
                   tradition est sérieux pour les boulangers, car l’un
                   d’eux  nous  disait  que  le  gâteau  ainsi  offert,  et
                   dont le volume est proportionné à l’importance du
                   client,  lui  revient  de  1  franc  à  3  francs.  Bien
                   entendu,  la  dépense  totale  est  d’autant  plus
                   considérable que la clientèle est plus nombreuse.
                   En  résumé,  il  nous  déclarait  que  cet  usage  lui
                   coûtait les bénéfices d’un mois de son commerce.
                   La  suppression  de  la  galette  offerte  par  les
                   boulangers  n’entraînerait  pas  la  disparition  du
                   gâteau des rois, mais elle porterait assurément un
                   coup  sensible  à  cette  tradition  qui  s’est  déjà
                   sensiblement  modifiée  à  travers  les  siècles.
                   La fève depuis  longtemps,  on  le  sait,  n’est  plus
                   une fève, mais le plus souvent un petit baigneur en porcelaine, transformation dont,

                                                                                                         6
   2   3   4   5   6   7   8   9   10