Page 10 - CONFERENCE ''VAUBAN, VISIONNAIRE ET HUMANISTE'' PAR JEAN-MARIE ROUECHE
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Hollande, qui démolit les remparts au bruit du canon pour les reconstruire aussitôt passé le doux son
               de la chamade, qui conquiert des villes pou  les  e d e à l’e  e i aussitôt le t ait   d’Ai -la-Chapelle
               ou de Ni  gue  sig  , fustige  e gaspillage d’a ge t et d’effe tifs. Il recommande par conséquent la
                ise e  pla e d’u e f o ti  e ho og  e, composée de places fortes mieux reliées entre elles et ainsi
               plus faciles à défendre. Il résume ces pensées dans sa célèbre formule du « pré carré »,  u’il i ve te
               dans une lettre destinée à Louvois et datée du mois de janvier 1673 :

                  « Sérieusement, Monseigneur, le Roi devrait un peu songer à faire son pré carré. Cette confusion
                  de places amies et ennemies pêle-mêlées ne me plaît poi t. Vous  tes o lig  d’e  e t ete i  t ois
                  pour une ; vos peuples en sont tourmentés, vos dépenses de beaucoup augmentées et vos forces
                  de beaucoup diminuées ; et j’ajoute  u’il est p es ue i possi le  ue vous les puissiez toutes
                  mettre en état et les munir. Je dis de plus que si, dans les démêlés que nous avons si souvent avec
                  nos voisins, nous venions à jouer un peu de malheur ou (ce que Dieu ne veuille) à tomber dans
                  une minorité, la plupa t s’e  i aie t  o  e elles so t ve ues. C’est pou  uoi, soit pa  t ait  ou
                  pa  u e  o  e gue  e, si vous  ’e    o ez, Mo seig eu , p   hez toujours la quadrature, non
                  pas du  e  le,  ais du p   ;  ’est u e  elle et bonne chose que de pouvoir tenir son fait des deux
                  mains. »
               Vauban définit en 1678, dans son « Mémoire des places frontières de Flandres » adressé au roi en
               1678, comment en pratique il entend réorganiser les frontières françaises. Deux lignes de places
               fortes  doivent  composer  une  véritable  «  ceinture  de  fer  »  et  assurer  la  défense  du  Nord  du
               royaume.

               L’id e  fo  e  de  Vau a   est  de   esse  e   le   o au e  da s  u e  lig e  de  défense  nette  et  aux
               contours  précis,  qui  ne  laisserait  aucune  place  aux  contestations  territoriales  et  qui  serait
               protégée par un ensemble de villes fortifiées placées aux carrefours stratégiques, peu éloignées
               les unes, des aut es afi  de fo  e  u  f o t  o ti u. C’est d so  ais la  o pa it  de la France, et
               non plus son extension ou sa projection géographique, qui fait sa force.
               Tout au lo g de sa  a  i  e, Vau a  se fait l’i lassa le avo at de la  atio alisatio  des pla es fo tes
               et p ô e l’a a do  des fo te esses situ es ho s des li ites  atu elles du  o au e  Pig e ol e
               Lombardie  par  exemple)  et  entretenues  à  grands  frais  alors  que  la  cassette  royale  manque
                 uelle e t de  u   ai e. À l’i ve se, il pousse le  oi, lo s de sa politi ue des R u io s      -
               1685), à conquérir les chaînons manquants de sa ligne défensive, Nice, Strasbourg et Luxembourg,
               t ois  villes  do t  l’a  uisitio   pe  ett ait  de  ve  ouille   les  f o ti  es  et  de   ett e  à  l’a  i  le
               royaume derrière une barrière sûre.
               So  « P    a    » : la dou le lig e de pla es fo tes do t il  a  a la fa ile voie d’i vasio   u’ tait la
               frontière des Flandres, tint en échec les armées des pays coalisés contre nous durant la difficile
               « gue  e de su  essio  d’Espag e » et permis la victoire de Denain. Elle sauva probablement la
               situation des armées françaises en 1792 en affaiblissant les troupes de Brunswick, et permis en
                                 er
               1814 à Napoléon 1  de tenir plusieurs mois, à un contre cinq, durant la difficile campagne de
               France.
               Vauban  eut  très  souvent  à  cet  égard  des  intuitions  prémonitoires  comme  en  témoigne  son
                  oi e su  « l’i po tance dont Paris est à la France », dans lequel il plaide pour la fortification
               de Paris.
               Avec le recul, et au vu du déroulement des premières phases des deux derniers conflits mondiaux,
               o   e peut s’e p  he  de pe se   ue Vau a  fut le seul de  os g a ds ingénieurs avoir fortifié
               au  bon  endroit,  c'est-à-dire  sur  cette  frontière  du  Nord,  ce  «  mortel  boulevard  »  comme
               l’appelle a des si  les ap  s le g    al de Gaulle.

               Une trentaine de villes fortifiées constitue le pré-carré sur la frontière du Nord. Mais au total,
               Vauban construira ou fortifia cent soixante places fortes sur toutes nos frontières pour constituer






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