Page 16 - CONFERENCE ''VAUBAN, VISIONNAIRE ET HUMANISTE'' PAR JEAN-MARIE ROUECHE
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sont au 17 ème  siècle ce que les chemins de fer seront au 20 ème  siècle : un outil de mise en valeur
               du territoire, une voie de transport des marchandises et un moyen de compenser les inégalités
               naturelles entre les différentes provinces lors des disettes. Ils s’i s  ive t  ie  da s l’a  itio
                u’a Vau a  de développer économiquement le royaume et de faciliter la circulation, tant des
               ho  es  ue des  ie s. L’i g  ieu  pou suit alo s les t avau  de Riquet sur le canal du Midi,
               réfléchit à de nouvelles voies de communication fluviale dans le Nord de la France afin de relier
               les rivières entre elles, et cherche à rendre navigable près de cent quatre-vingt-dix portions de
                ou s d’eau  ui  e le so t pas e  o e. Co  e seul le roi, père et nourricier de ses sujets, peut –
               et doit – garantir les d pe ses o  asio   es,  ’est u  v  ita le p og a  e de g a ds t avau  que
               Vauban ébauche dans ses manuscrits, une vision novatrice qui reste pourtant dans les cartons du
               viva t de so  auteu , faute d’a ge t disponible et de volonté royale.
               Enfin, dernier projet de Vauban en matière de réflexion sur le territoire, la question des colonies.
               On sait  ue Louis XIV et Col e t s’e gage t davantage en Amérique, en transformant notamment
               le Canada en p ovi  e  o ale. L’ la  i itial se  ale tit e   ette fi  de siècle, alors que la France est
               e glu e da s d’i te  i a les gue  es continentales. Vauban cherche à le relancer, et rédige pour
               ce faire en 1699 un nouveau mémoire concernant le Moyen de rétablir nos colonies de l’A   i ue
               et de les accroître en peu de temps. Il y propose tout un plan de colonisation du Nouveau Monde.
               Il fait même œuv e de démographe, en calculant la population du Canada à ve i  jus u’au XXe
               siècle.
               Vau a  s’i t  esse au te  itoi e f a çais da s sa glo alit . Ses i  essa tes chevauchées lui ont fait
               prendre conscience de la diversité du royaume ; elles l’o t fait   fl  hi  su  l’  o omie et sur la
               fiscalité, et elles lui ont do    l’e vie de  e  die  au   is  es  u’il d  ouv e et à la pauv et  des
               Français qui le touche.

               Les mémoires de Vauban sur le sujet :
                   •  L’i po ta  e do t Pa is est à la F a  e       .
                   •  Mémoire sur le canal du Languedoc (1691).
                   •  Navigation des rivières (Hiver 1698-99).
                   •  Supputation de la progression des peuples en Amérique (4 pages.).

                   c)  Les armées
               La p e i  e  ause d’i satisfa tio  du soldat Vau a  est di e te e t li e à la p ati ue de so    tie .
               L’a   e de Louis XIV a  eau  t e  e « g a t du G a d Si  le »  ui tie t t te à l’Eu ope  oalis e, elle
                ’e   est  pas   oi s  u    astodo te  d vo eu   d’ho  es  et  de     dits.  Les  te ps  de  gue  e  so t
                 fastes pou  les populatio s viva t p  s des zo es d’aff o te e ts : les  pid  ies se propagent dans
               le  sillage  des  troupes,  qui  par  ailleurs  « vivent  sur  le  pays »  lo s u’elles  so t  e    a pag e  et
               d sta ilise t  e faisa t les   o o ies lo ales. Les gue  es g    e t  gale e t des hausses d’i pôts
               qui touchent directement des habitants déjà affaiblis. Si Vauban ne peut guère que souligner ces
               « dommages collatéraux » des guerres, il dénonce en revanche avec plus de force les manquements
               de l’ad i ist atio   ilitai e et l’ tat d’a a do  da s le uel so t laiss s les soldats.
               Trois  exemples  éclairent  ces  abus,  ainsi  que  la  manière  dont  Vauban  souhaiterait  les  corriger.
               Premièrement, les soldats sont considérés comme quantité négligeable par leurs chefs : mal entraînés,
               mal disciplinés, parfois mal armés, ils meurent par milliers lors des grandes batailles qui secouent le
               si  le, ai si  ue lo s des si ges de pla es. Vau a , lui, est l’u  des  a es offi ie s  ui  e  esse de
               répéter, tout au long de ses mémoires, la nécessité de « ménager le sang du soldat », ne serait-ce que
               pour des raisons militaires : le  o au e de F a  e  ’a pas d’i fi ies  essou  es e  ho  es à off i  au
                oi de gue  e… Ai si, il  et au poi t u e   thode d’atta ue des pla es  ui  e vise  u’à   o o ise  la
               vie de ses soldats  et des i g  ieu s  voi  l’ pisode du si ge de Mo t  d   . Le   edo de Vau a  :
               « Brûlons plus de poudre et versons moins de sang ! »




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