Page 21 - CONFERENCE ''VAUBAN, VISIONNAIRE ET HUMANISTE'' PAR JEAN-MARIE ROUECHE
P. 21

E  plus de  es jeu  d’esp it, Vau a  d veloppe des id es de   fo  es p ati ues  ui  o ve ge t ve s
               un même objectif : accroître le potentiel productif du pays. Deux ouvrages, publiés dans ses Oisivetés,
               expliquent une partie de ses projets et dévoilent sa pensée interventionniste en la matière. Dans le
               Traité de la culture des forêts (1701) – se teu   u’il  o  aît  ie   ta t o igi ai e d’u e   gio  fo esti  e
               et propriétaire de parcelles boisées –, il   iti ue l’ tat e ista t des  ultu es   ui e des futaies,  a  ue
               de  ois d’œuv e, fla   e des p i …  et p opose des solutio s adapt es :   g    atio  des a   es pa
               semis, coupes d’  lai  ie, p  l ve e ts e  fo  tio  des  esoi s d fi is pa  le gestio  ai e du pa
               fo estie …. Pou  lui, l’e ploitatio  des fo  ts est u e  espo sa ilit  de l’État,  ui seul a la  apa it  de
               p  voi  à lo g te  e, id e  ovat i e pou  l’ po ue,  ie  ava t  ue l’Offi e Natio al des Fo  ts  e se
                ette  e   pla e.  E suite, da s  le M  oi e  su   la   he t   des   leds  et  des  o e s  d’    e  die ,  il
               s’i te  oge su  les disettes  ui s’ pa ouisse t à la faveu  des gue  es et  ui se oue t le  o au e au
               tournant du siècle. Pou  lui, elles  e peuve t  t e  ue fa ti es, « da s l’opi io  et  o  da s la   alit
               », résultat de graves insuffisances dans la distribution des grains – les historiens ont depuis montré
                u’elles  taie t e  fait dues à de  auvaises  o ditio s  li ati ues et à l’i suffisa  e des    oltes. Seul
               remède : l’i te ve tio  de l’État pa  la    atio  de  agasi s  o au   ui sta ilise aie t les p i  les
               mauvaises années. Là encore, on le voit, Vauban est un interventionniste qui prône une politique
               volontariste de l’État afi  de   so  e  les « malheurs du temps ».

               Les mémoires de Vauban sur le sujet :

                   •  Mémoire concernant la course (1695).
                   •  Traité de la culture des forêts (1701).
                   •  La  o ho  e ie, ou  al ul esti atif pou   o  aît e jus u’où peut alle  la p odu tio  d’u e t uie
                      pendant dix années de temps.
                   •  La Dîme royale (1707)

               La Dîme royale
               Ses réflexions et ses travaux sur les problèmes économiques l'amènent directement à considérer la
               manière dont les impôts sont répartis et collectés. Vauban constate alors que l'une des principales
               raisons de la misère du peuple réside dans le poids de l'impôt qui s'appelle « la taille ». Cet impôt a fini
               par reposer essentiellement sur les gens les plus modestes, car tous ceux qui ont un peu de pouvoir
               ou d'influence, les nobles, les gens de robe ou d'épée, le clergé... s'en font exempter.

               Vauban, profondément choqué par ce système, s'exclame : « ... la taille est tombée dans une telle
               corruption que les anges du ciel ne pourraient venir à bout de la corriger, n'empêcher que les pauvres
                ’  soie t toujou s opp i  s, sa s u e i te ve tio  pa ti uli  e de Dieu ».

               Pendant les dix dernières années de sa vie, il va beaucoup travailler pour établir un projet de réforme
               de l'impôt. Il en arrive à l'idée qu'il faut remplacer les impôts anciens, et particulièrement la taille, par
               un impôt unique qu'il appelle « la Dixme Royale ». Elle serait calculée sur le revenu de chacun et payée
               pa  tous depuis le Roi e  pe so  e jus u'au de  ie  des  a œuv es. Il i ve te u  i pôt u ive sel,
               progressif et proportionnel aux revenus. L’ galit  deva t l’i pôt se a so  de  ie   o  at, et la Dî e
                o ale sa seule œuv e i p i  e de so  viva t et  ui va le  e d e   l   e ho s de so  do ai e de
               compétence.
               Cette idée, très audacieuse pour son temps, va dresser contre elle tous les financiers et tous ceux qui
               profitaient du système ancien. Vauban n'en verra pas la réalisation, car il est mort au moment même
               où il mettait au point l'ultime version de son projet. Mais son projet va être testé aux colonies, au
               Canada en particulier.
               Toutefois il est dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, un étonnant précurseur : notre
               système actuel de l'impôt sur le revenu découle directement du projet de la Dîme Royale. Souvenons-
               nous que le ministère des Finances à Bercy a reconnu son apport à la fiscalité en donnant son nom à
               l’u  des principaux bâtiments du site !




                                                                                                        21
   16   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26