Page 18 - CONFERENCE ''VAUBAN, VISIONNAIRE ET HUMANISTE'' PAR JEAN-MARIE ROUECHE
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Au lieu de se la  e  da s u e lo gue des  iptio  fastidieuse, l’i g  ieu    dige u e  tude t iple : u e
               courte description assez noire de son pays, un tableau chiffré (ce qui est nouveau) et un programme
               de 14 réformes. Le tableau lui permet de faire une analyse systématique par paroisses.

               Il recense par exemple :

                   •  22 500 habitants dont :
                          −  48 familles de nobles dont seulement 3 ou 4 qui sont aisées,
                          −    7 pe so  es ais es de l’a tisa  au   ou geois,
                          −  92  personnes  qui  exercent  une  fonction  juridique  :  baillis,  lieutenant,  procureurs,
                              greffiers, notaires et sergents,
                          −  55 négociants,
                          −      e  l siasti ues,  u’il  e  esse de fustige  pou  leu  i p odu tivit ,
                          −  441 familles de mendiants, soit plus de 2 000 personnes, soit 1/11ème de la totalité.
                   •  44 074 arpents de terre labourable dont :
                          −  5 775 en friches,
                          −        a pe ts de vig es…
               Il juge le territoire comme mauvais et le vin comme médiocre.

               Il  est  donc  par  ce  texte  novateur,  le  «  père  »  de  l'INSEE  et  de  la  géographie  totale  incorporant
               anthropologie et économie politique.

               Pour sa première réforme, il propose de lever un vingtième (5 %) de tous les revenus, sans exemption,
               aussi bien sur les revenus de la terre et du bétail, que sur les revenus des arts et métiers, et sur les
               maisons des villes et des bourgs. Cette rema  ua le  oti e su  u  « pa s »,  ’est pas u     oi e su
               la fis alit . Vau a   e la  ega de  ue  o  e u  e e  i e g a deu   atu e, p   u seu  d’u  t avail plus
               vaste devant réformer toute la gestion de la France.

               La diffusion de ce texte est lente, car il est distribué sous forme manuscrite aux ministres et il faut
               attendre 1816 pour la première version imprimée et 1986 pour la seconde édition par nos précurseurs
               de la Maison Vauban. A cette occasion, il va inventer le tableau à deux entrées pour en faire un
               fo  ulai e  de   e e se e t.  Si   e  petit  fas i ule   ’a  pas  eu   eau oup  de  su   s,  e    eva  he,  le
               tableau,  devenu  formulaire,  fut  un  succès  immédiat  et  appliqué  partout !  Vauban  serait-il  aussi
               l’i ve teu  de  ot e ta leu  E  el ?

               Ces efforts de Vauban ont une finalité pratique : mesurer les richesses du royaume, inventorier les
               ho  es afi  de  ieu  les ad i ist e . Ils fo t de  e soldat de fo  atio  l’u  des p   u seu s de
               l’a ith  ti ue politi ue f a çaise, l’u  de  eu   ui, les p e ie s,  e he  he t des outils statistiques
               afin de gouverner rationnellement. Son « esprit cartésien » et son savoir mathématique sont mis au
               se vi e de l’État a solutiste, et se ve t de  ase th o i ue à ses p ojets de   fo  e. Les statisti ie s
                o sid  e t Vau a   o  e l’i venteur de leur discipline.
               Il d veloppe a ses id es da s de  ultiples t ait s et    oi es : su  l'ag i ultu e, la  a i  e d’a e de
               et  d'irriguer  les  sols,  sur  les  forêts,  prônant  le  développement  et  l'amélioration  des  domaines
               forestiers, sur l'élevage, avec un savoureux écrit, intitulé « de la cochonnerie… », sur le commerce,
               dont il juge l'essor essentiel pour la santé du pays.
               Vauban est de ce fait un exceptionnel témoin de son époque. Il retrace dans de longs mémoires tout
                e  u’il o se ve su  so   he i .
               Curieux de tout il rédigera des études sur de nombreux autres sujets : économie, diplomatie, finance,
               agriculture, sylviculture, travaux publics hydraulique, ports et canaux…
               Il  asse  la so  œuv e    ite  ivile et  ilitai e à la fi  de sa vie da s u   e ueil e  douze volu es
               i titul  : « Les Oisivet s ». Il   p   o ise des dispositifs i  ova ts tels  u’u  offi e pu li  pou  la gestion
               des forêts, qui ne seront réalisés que deux siècles après sa mort.




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